La FSGT fête en 2024 son 90ème anniversaire, l’occasion de se repencher sur histoire dont les valeurs émancipatrices gardent aujourd’hui toute leur pertinence.
La FSGT a été fondée le 24 décembre 1934 de l’union de deux fédérations sportives ouvrières, l’Union des Société Sportives et Gymniques du Travail et de la Fédération Sportive du Travail, elles-mêmes héritières de la Fédération Sportive Athlétique Socialiste, fondée en 1908. Son but était, selon la charte constitutive, de se mettre au service des “intérêts sportifs” de l’ensemble du monde du travail, notamment pour que le sport représente “devant les menaces de fascisme et de guerre”, un instrument de résistance culturelle et de conquêtes sociales. Cette perspective sera complétée à la Libération par les nouveaux statuts, marqués par l’esprit du réseau “Sport libre” et du Conseil National de la Résistance, qui fixent également comme projet de former à travers l’activité sportive les citoyen∙nes “d’une République laïque et démocratique”.
– Le refus du racisme et du fascisme : Du soutien aux Olimpiada Popular de Barcelone en juillet 1936, dans la suite du boycott des Jeux Olympiques de la honte de Berlin, capitale de l’Allemagne nazie, à la solidarité avec les sportifs et sportives non-raciaux dans l’Afrique du Sud de l’Apartheid, la FSGT s’est engagée aux cotés de celles et ceux qui ne conçoivent pas que le sport puisse tolérer le racisme, sous toutes ses formes. De même la solidarité internationale se manifesta par la reconnaissance du sport palestinien, puis sur place dans les échanges internationaux avec les clubs de Gaza et Cisjordanie, ou auparavant dans le refus des guerres coloniales (Indochine, Algérie).
– L’innovation dans les pratiques : Les militant∙es de la FSGT ont constamment adapté les pratiques sportives pour les rendre accessibles et épanouissantes pour le plus grand nombre. Dans ce cadre, et depuis les premiers pas du sport ouvrier en 1908, elle a défendu et promu le sport féminin, à égalité avec son homologue masculin. Par exemple, en étant la première à ouvrir dans les années 60 les compétitions de judo et de lutte aux femmes. De même, dans les usines en grèves de 1968 a mûri le foot 7 auto-arbitré qui restituait le foot aux joueurs, puis aux joueuses. Pratiques mixtes ou pratiques partagées handivalides, s’inscrivent dans cet apport du sport populaire à l’évolution et la démocratisation des activités physiques et sportives.
– Le sport au service de toute la population : La FSGT considère que le sport relève d’une véritable politique de service public. En ce sens, elle a constamment réclamé un budget des sports conséquent au niveau de l’État ainsi que la défense de la vie associative sportive, dans sa diversité, comme ciment de la citoyenneté et du rôle d’éducation populaire du sport. En témoignent ses propositions lors des élections législatives de 1936 qui inspireront l’action de Léo Lagrange, “premier” ministre des sports de la République. Elle a aussi appuyé dès le départ l’importance de l’Education Physique et Sportive à l’école, un souci que l’aventure des Stages Maurice Baquet dans les années 70 a illustré. Elle a également insisté dès sa création sur le rôle central du sport pour le bien-être individuel et la santé publique, une préoccupation que la récente crise sanitaire a plus que jamais démontré.
Cette mise en lumière prend évidemment une dimension supplémentaire dans le cadre de Paris 2024. Une occasion de souligner l’importance du sport populaire, et son rôle unique afin que la pratique sportive constitue un élément essentiel de la vie sociale et de l’épanouissement individuel de toutes et tous.